Cher barbu tout rouge.

C’est bientôt noël et je sens que cette année tu vas encore rien m’amener. Tu sais que j’en ai marre de me faire des cadeaux toute seule ? Ne dit pas que je n’ai pas été sage, j’ai trouvé un boulot ! La première fois tu avais comme excuse mon mensonge, la deuxième fois mon départ, la troisième fois ce changement radical, la quatrième fois ma nouvelle fuite et ça à continué comme ça. Depuis bientôt quatre ans je ne fête plus noël, et crois moi quand je vois les enfants réjouis à l’idée de savoir que tu vas passer par leur cheminée ça me donne envie de vomir. Pourquoi tu n’es pas réel hein ? Tu fais vraiment ch*er père noël, tu le savais ?
Sinon à part ça je vais bien ! Enfin plus ou moins… j’ai encore fuis de là où j’étais. Je commence à regretter d’avoir inventé tout ce monde autour de moi. Naitre en Grèce, vivre au Portugal ( lieu de ses origines ), fuir au Mexique, faire un détour par les Etats-Unis et finir en Grande Bretagne. Je commence à prendre gout au voyage. Et pourtant je sens que c’est ici que je vais m’arrêter… pour de bon je te le promets. Trois mois que je suis là et j’ai déjà découvert les merveilles de Londres. C’est une très belle ville, je ne sais pas pourquoi je n’y ai jamais pensé avant. Peut-être parce qu’on ne m’en avait jamais parlé. Tu sais mon père est très traditionnel, Portugal à fond, alors ne va pas lui parler de pays où l’on parle anglais ! Enfin de toute manière maintenant je suis une grande fille, je ne le vois plus, ne lui parle plus et puis souviens toi… je suis morte. Morte…

FLASHBACK


On essaie de se dire que la réalité vaut mieux que le rêve. On se persuade qu’il vaut mieux ne pas rêver du tout. Les plus solides d’entre nous, les déterminés s’accrochent à leurs rêves. Il arrive aussi qu’on se retrouve en face d’un rêve tout neuf qu’on avait jamais envisagé. Un jour on se réveille, et contre toute attente, l’espoir renaît, et avec un peu de chance on se rend compte, en affrontant les événements, en affrontant la vie, que le véritable rêve, c’est d’être encore capable de rêver.

Et oui nous sommes en direct du Cherry’s magnifique bar du colorado avec la sublime, ravissante, belle à croquer… Caim ! Doucement Chuck, tu parles à ma petite amie ok ? Ouais ouais.. alors Caim, quel effet ça fait de fêter ses dix huit ans et de n’être toujours pas majeur ? Je dirais que ça ne m’empêche pas de boire cher Chuck ! Plus sérieusement, il n’y a rien de mieux que de fêter son anniversaire entouré des gens qu’on aime…. Eloignes la caméra tu es trop prêt là, on va voir tous mes défauts ! Et ton roméo, tu en penses quoi de lui ? Il est nul hein ? Tu l’aimes sérieusement ? A en mourir…

FIN FLASH BACK

Je fis un dernier sourire à la caméra. Mon dernier sourire à la caméra de Chuck avant de les abandonner lamentablement à cause d’une voiture qui est arrivée trop vite… à cause de.. à cause de moi. Si tu savais à quel point je regrette. Je m’étais fait des amis, de véritables amis. J’ai tout arrêté à cause de ce stupide mensonge. Je ne sais faire que ça fuir, changer d’air. J’ai abandonné mes parents quand j’avais seize ans, une décision des plus difficiles à faire. Je suis fille unique, alors forcément ils ont dû mal à me faire partir. Je suis allée au Mexique voir ma tante, ils sont tous latins du côté de mon père ! J’ai aimé mes parents et je les aime toujours. Mais je ne pourrais pas affronter leur regard après tout ce temps, ni le leur, ni celui de Chuck… ni celui de Raphaël.

FLASHBACK

Alors, que proposes tu pour finir la soirée ? Je pris la main de mon petit ami, la tirant vers la route. Je souriais, j’étais la plus heureuse. Rencontrer Raphaël était la plus belle chose qui m’était arrivé depuis des années. C’était plus qu’un ami, un amoureux, un amant, j’étais accroché à lui comme un singe peut s’accrocher à sa banane ( belle comparaison je sais). Je ne pouvais me défaire de lui et pour rien au monde je ne le quitterai… mais c’était sans compter cette voiture.
J’eu à peine le temps de voir les phares que je me suis retrouvée allongée sur le sol, interne, les yeux dans le vide. Je visualisais difficilement les silhouettes, j’entendais qu’on m’appelait, c’était Raphaël.
Quand j’étais ouvert les yeux, j’étais à l’hôpital. J’étais dans les vappes. Il n’y avait personne avec moi, je me souviens juste de l’heure indiquée sur l’horloge : Cinq heures. Je me suis redressée et j’ai appelé une infirmière. J’ai demandé la pire chose que je n’ai jamais demandée à personne : Faire croire à ma mort. Je ne pouvais pas continuer après ce qui m’était arrivé. Et j’ai cru que cet accident était un signe, un signe d’adieu. Tu sais… avant de fêter mon anniversaire j’ai apprit que j’étais malade. Oh rassures toi, ça se soigne mais je n’arrivais pas à le dire à Raphaël alors… autant fuir et ne plus l’affronter. Alors l’infirmière m’a écouté. C’est comme ça que je suis morte.

FIN FLASHBACK

Je ne mérite pas de cadeau après ça j’en suis consciente. J’ai fuis à New York pendant deux ans. J’ai essayé de reprendre les études mais je n’avais pas le courage, je n’y arrivais pas. C’était trop dur. Alors j’ai trouvé un petit boulot comme serveuse, mais j’ai été renvoyé… soit disant je fricotais avec mon collègue, chose complètement stupide puisque je ne crois plus à l’amour depuis bien longtemps !




Nom, prénom ? Caim-Héra… Marques. Age ? Vingt et un an Pourquoi devrais-je vous prendre comme serveuse ? J’ai déjà eu de l’expérience à New York et je pense avoir un physique accrocheur pour attirer les clients…
Un début d’entretien pourri et bien tu ne seras jamais quoi papa noël. Il m’a répondu « je suis tout à fait d’accord » et il m’a embauché. Je n’y ai pas cru. J’ai trouvé un job à Londres je suis heureuse. Là au moins je suis sûre que personne ne me trouvera et je peux recommencer ma vie à zéro. Je suis seule et je resterais seule… j’aurais pu changer d’identité mais je crois que j’ai une part de moi que je ne veux pas oublier… je ne peux pas oublier. Après tout… c’est moi et uniquement moi.
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