IF WE WERE IN A MOVIE

déterminé ✐ motivé ✐ drôle ✐ sociable ✐ honnête
vaindicatif ✐ trop franc ✐ lunatique ✐ perfectionniste ✐ excessif

23 janvier 1988, Londres. Ma mère tient dans ses bras un bébé plutôt rose dont les yeux sont encore clos sur le monde. Elle, elle espère qu'il ne pourra jamais voir le monde comme elle le voit. Elle le berce lentement, ne disant pas un mot, mais toutes ses pensées sont focalisées sur lui. Au loin, elle entend le rythme régulier des machines qui formaient cette symphonie inhérente à tout hôpital. Elle savait parfaitement que le père de l'enfant ne viendrait pas, elle ne l'avait d'ailleurs pas revue depuis la fois où elle lui avait annoncé, les yeux brillants de larme, qu'elle était enceinte. Pour toutes félicitations et joie, il lui avait avoué honteuse vérité : il lui avait menti. Clairement, depuis le début, leur histoire n'était qu'une succession de mensonges éhontés. Le temps qu'il ne passait pas avec elle n'était pas le temps qu'il prenait en voyages d'affaires, mais simplement le temps qu'il passait dans sa famille légitime. Il était marié, il avait même sorti devant elle son alliance, en or, et surtout or de prix. Elle avait ouvert les yeux à ce moment là, elle était l'autre femme, celle pour qui il ne pourrait jamais quitter sa famille. Le rêve était terminé, le conte de fée également... Mais comment avait elle pu être si naïve? Comment avait elle pu croire que lui, le haut responsable de banque de La City, pouvait vraiment s'intéresser à elle, simple serveuse dans un bar du centre de Londres qui rentrait dans les quartiers plus pauvres le soir, au nord de la ville. Elle aurait du le savoir, et elle s'en était voulu. Mais maintenant, cela n'avait plus aucune importance, elle avait tiré un trait sur lui et avait décidé de garder malgré tout le petit être qui avait grandit en elle. Après tout, lui n'avait rien fait, même s'il était le fruit de son erreur de jugement. Par avance, elle savait qu'il grandirait sans père, tant pis, elle l'aimerait assez pour deux, son petit ange, Hermès.

16 mai 1996, Londres : La vie n'est pas facile tous les jours pour la jeune mère célibataire de Hermès, mais ils s'en sortent. Certes, ce n'est pas la vie de château mais ils ne manquent de rien. L'enfant est scolarisé dans une école du quartier et est déjà très autonome pour son âge. Il sait qu'il n'a pas le choix car sa mère n'est pas toujours là quand il rentre le soir. Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'elle enchaine presque deux services pour subvenir aux besoins du foyer, mais elle le fait pour son fils. Elle veut qu'il ne manque de rien, et que jamais elle ne regrette d'avoir refusé que le père de l'enfant lui envoie de l'argent. Elle ne veut plus jamais entendre parler de lui, quoi qu'il arrive. Elle a plus de fierté que cela. Une voisine vient s'occuper de Hermès de temps à autre quand elle n'est pas là, mais sinon, il sait se débrouiller un peu tout seul. Il sait par exemple qu'en rentrant de l'école, il peut prendre la barre de chocolat et le bout de pain préparé par sa mère, les manger en regardant la télé, puis faire ses devoirs. Quand elle rentre, il n'est pas rare qu'elle le retrouve déjà dans son lit, regardant les images d'un livre dont il ne comprend pas le sens encore. Ses yeux brillent devant ce petit ange, lui donnant tous les jours la motivation nécessaire à cette vie quelques peu compliquée mais qui fonctionne, malgré tout. Pour le préserver, elle lui a dit que son père était mort avant qu'il ne naisse, mais que c'était quelqu'un qui l'aurait beaucoup aimé. Elle n'avait pas jugé utile de lui dire la vérité sur ce point. Pourtant, malgré cela, elle inculquait des valeurs à son fils, prônant que l'honnêteté était une des plus grandes qualités possibles. Elle n'avait aucune envie que son précieux Hermès ne devienne comme cet homme que par dessous tout, elle aurait souhaité oublier.

02 Septembre 1998 : Hermès a dix ans. On vient de lui annoncer qu'il allait passer une classe. L'école publique dans laquelle il est, est l'une des dernières qui semblent vraiment s'occuper de ses élèves. Cela faisait quelques mois que ses professeurs voyaient qu'il s'ennuyait en cours, et ils avaient raison. La cause était bien là, tout ce qu'on essayait de lui apprendre, Hermès le savait déjà, par un sens de déduction inné. Ses capacités intellectuelles ayant été mesurées précisément, et celles ci étant largement suffisantes, on annonça à sa mère qu'il passerait directement au collège. Ses yeux se mirent à briller de plus belle : comment une mère aurait elle pu être plus fière de son fils? La rentrée se passa plus que bien, Hermès reprit gout aux études, s'ennuyant moins, se liant plus aux gens qui l'entourait. Ce fut véritablement à cette époque qu'il devient sociable. Et ce gout de sociabilité n'aurait su être stoppé. le collège où il fut transféré était plus loin de chez lui, à la périphérie du centre de Londres. Il commença à connaitre les très longs temps de trajets, mais cela ne le dérangeait pas. La motivation et la bonne humeur du jeune garçon était de fer, il avait comme ce pressentiment que tout cela ne serait jamais perdu.

30 Septembre 2002 : Le collége, c'est fini. Toutefois, Hermès ne dirait pas " Enfin!", non. Il a véritablement adoré cette période de sa vie, les gens ne s'offusquant plus quand il disait que son pére était mort, le jugeant plus sur ce qu'il était, que sur ce que la vie était censé lui avoir enlevé. Il était entré au lycée il y avait environ un mois de cela, et y découvrait véritablement la liberté. Il avait connu son premier amour à la fin de cette époque collége, mais celui ci n'avait pas véritablement résisté à l'été. Pourtant, Hermès en avait quand même souffert, si peu habitué à ce genre de chose auparavant. Il avait décidé qu'il lui faudrait se blinder sentimentalement, et le lycée allait être l'endroit parfait pour cela. Il avait commencé à sortir le soir, faire un peu plus vieux que son âge réel aidait autant que d'avoir un charme certain. Seulement, la vie décida en cette fin de soirée du trente septembre, de se montrer absolument abjecte avec le jeune homme. Alors que sa mére rentrait pour une fois en taxi de son travail dans le centre de Londres, un autre conducteur avait grillé un feu rouge et avait percuté l'habitacle du taxi noir. Sa mére était morte sur le coup, au moins elle n'avait pas souffert. Hermès n'avait jamais connu une telle douleur, et celle si s'immisça si rapidement en lui que la souffrance n'en fut que plus terrible. Pendant des semaines, il passa ses nuits à ne pas dormir, des larmes coulant sans cesse le long de ses joues. A cette douleur vint s'ajouter le fait d'être placé dans une sorte d'orphelinat. En effet, à quatorze ans, il ne pouvait pas vivre par lui même. Cela ne fit que renforcer son autonomie. Il détestait véritablement le nouvel endroit dans lequel il avait été placé, c'est pourquoi il passait le maximum de son temps au lycée, à la bibliotheque, ou au pub avec ses amis. De plus, il n'avait plus la possibilité de pratiquer la guitare qu'il avait commencé il y avait trois ans et pour laquelle il avait un talent véritable. Mais il ne tomba pas dans une sorte de dépression, bien au contraire. Cela ne fit que renforcer sa détermination. Il réussirait tout ce qu'il voudrait entreprendre dans sa vie. Pour elle.

31 juillet 2005 : La période lycée était finie depuis un peu plus d'un mois et Hermés attendant dans la salle d'attente de l'université de Londres. Il repensait aux bons moments qu'il avait vécu, à ces soirées sans fin dont parfois il n'avait aucun souvenir, à ces nuits passées dehors à trainer plutot que de rentrer à l'orphelinat. Tout cela était fini, il était temps de grandir, d'entrer à la fac. Sauf qu'il n'était pas majeur, et ne pourrait jamais payer les frais de scolarité. Il avait un entretien pour obtenir une bourse pour étudier les relations publiques. Son sens du contact avec les autres, ses relations, sa facilité à persuader, tout cela faisait qu'il pourrait être un élément majeur dans leur université, tout du moins c'est cela qu'il allait présenter. Le fait était que c'était vraiment ce qu'il voulait faire, sans véritablement savoir pourquoi. Il ne voulait pas d'études banales, or les relations publiques étaient tout sauf ennuyeuse et banales. Enfin c'était ce qu'il croyait. Trois semaines apres cet entretien, il allait apprendre qu'il avait effectivement la bourse, lui l'orphelin, lui qui était de toute évidence, promis à de grandes choses. Il avait contenu sa joie autant que possible en recevant la lettre à l'orphelinat. Ce jour là, pour fêter cela, il était aller déposé une demande d'émancipation pour pouvoir quitter cet endroit sinistre et prendre un appartement tout seul. Il trouva un job pour le mois d'aout et eut son premier salaire. La joie se lisait sur son visage, il était rayonnant et presque pres à conquérir le monde.

Novembre 2011... Aux derniéres nouvelles. Hermès sera diplomé à la fin de l'année. Il n'est pas major de sa promo mais n'en est pas loin. En fait, il a prit de la distance sur ses études, il est toujours assidus mais sa vie sociale a explosé, le faisant parfois sortir tous les soirs. Toutefois, le jeune homme s'est toujours imposé une discipline plus ou moins rigoureuse d'aller toujours en cours, peu importe son état de faiblesse ou de gueule de bois du jour. De plus, il s'est trouvé pas mal de job durant sa scolarité, et à enchainé les stages, mais en ce moment pour payer son appartement, il est serveur pour une boite d'intérim spécialisée dans l'événementiel. En fait, tous les grands galas de charité de la haute société londonienne, il y participe. Ce job n'est pas celui qu'il préfère, et pour cause. un jour, il a trouvé ses papiers de naissance et à retrouvé le nom de son pére supposé être mort. une petite recherche sur google lui a permis de savoir qu'il n'était pas mort, pas du tout. En fait, il vit maintenant aux Etats-Unis, où il est un des hauts responsables d'une grande banque. Mais Hermès n'a aucune envie de revoir, et cette information lui a fait quelques peu haïr cette classe de la société fausse et qui ne s'intéresse qu'à son propre argent. Son job n'est que temporaire, il le sait. Le véritable but du londonien est de travailler pour un label, en tant qu'attaché de presse ou manager.

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